Étiquette : agriculture

Now Delhi – Les 30 désastreuses

2014-2016 - Inde
Projet soutenu par une bourse du CNAP (Centre National des Arts Plastiques, Ministère de la Culture) via le fonds de soutien à la photographie documentaire (2014), et par la bourse AFD-Polka en 2015.
Il y a des siècles de cela, Delhi était la cité la plus peuplée du monde. Pour le meilleur ou pour le pire, tout indique que la conurbation actuelle, Delhi NCR (National Capital Region), va le devenir à nouveau. Ses multiples villes satellites et son expansion urbaine rapide, emmenée à toute bringue par la loi de l’automobile, ont fait de Delhi l'assoupie, la soeur « collet monté » de Bombay l'exubérante, une mégalopole sans qu’elle ait bien eu le temps de s’en rendre compte.
Les autorités ont passé leur temps à courir derrière la réalité en espérant l'harnacher, et n'ont eu de cesse, depuis la Partition (création du Pakistan), d'essayer de contrôler les vagues migratoires et leurs conséquences urbanistiques. /.../

Décroissance

2011-2014 - France
Le mouvement décroissant, à la fois écologiste et politique, qui se dresse contre la société de consommation et sa logique destructive, amène de plus en plus de citoyens à faire le choix radical de vivre dans la simplicité volontaire, en se reconnectant à la nature, en vivant à la campagne. Ce mouvement est répandu, bien que toujours marginal, dans tout le monde occidental. Retour à la terre, rejet de la société du gaspillage, de l'idéologie de la croissance infinie... les acteurs de la décroissance prennent toutes les couleurs et toutes les formes mais sont indéniablement reliés par cette même pensée : notre société va droit dans un mur et il est urgent de changer de direction, de système économique, et ce, radicalement. /.../

Lutte de Notre-Dame-des-Landes

2012-2013 - France
Le projet d'aéroport du Grand Ouest, un partenariat public-privé avec la société Vinci, a été controversé dès sa naissance en 1970. Il a donné lieu au conflit dit de Notre-Dame-Des-Landes. Les opposants sont des paysans, des résidents, des militants de tous bords, auxquels se sont joints il y a trois ans de nombreux jeunes anti-capitalistes qui occupent la zone en bâtissant des lieux de vie alternatifs, cabanes, jardins potagers, etc… Tous dénoncent un projet inutile, mégalomaniaque, et qui serait en outre un terrible destructeur de la zone humide du bocage nantais. Les zones humides sont protégées par l’Union Européenne, et c’est sur ce recours juridique que les opposants misent beaucoup d'espoir. L’occupation et la défense physique de ce territoire par les Zadistes (de ZAD, Zone A Défendre) est surtout symbolique, tant les moyens mis en œuvre par l’Etat depuis la mi-octobre 2012 sous l’opération "César" sont lourds.  /.../

ZAD de Notre Dame des Landes #3

Cela fait un moment que je traîne mes bottes, littéralement, dans ce bocage nantais en péril, champ de bataille, – littéralement encore !! – contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes. Parti de ma propre initiative sur ce terrain, et rattrapé par les commandes presse une fois sur place. He bien oui, c’est comme ça que ça se passe le plus souvent aujourd’hui avec la presse ; « T’es sur place ? Aah super ! Et eeuh… t’as un peu de temps là…? » Mais pourquoi pas, c’est l’ère du numérique et des communications sans frontières, du coup ça oblige à prendre des initiatives d’auto-production, ce qui est toujours bénéfique pour tout photographe qui ne pense qu’au terrain. Avec le journaliste, Louis Morice donc, nous nous axons sur une série de portraits des très, très divers acteurs de cette bagarre. Il les interviewe, comme il se doit. Il hallucine un peu, limite se sent pas hyper rassuré parfois ; c’est vraiment particulier ici, un cirque, avec des personnages colorés, des hurluberlus, des retraités locaux, des paysans avec ou sans terres, des militants farouches, des paumés, des écolos censés, des écolos déprimés… alors je la joue guide de la ZAD, parce que j’ai déjà passé un peu de temps dans cette zooone ! et j’ai acquis quelques codes de comportement.

En commande pour Le Nouvel Observateur.

Voir mon travail personnel sur cette ZAD en 2 chapitres : le film photographique, et les portraits-collages-numériques.

ZAD de Notre Dame des Landes #2

Lutte contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes. La Une + une intérieure dans le quotidien Le Monde daté du 9 novembre 2012 – article disponible en ligne. J’étais sur place pour couvrir ce conflit à titre personnel, le journal vient à le savoir, et m’appelle, une commande en compagnie de Remi Barroux qui me rejoint au coeur de la « gueerrrrre », parce que oui, ça joue pas au nounours ici début novembre, les dents sont serrées et les couteaux tirés des deux côtés ; les forces de l’ordre, comme on dit, enfin, d’un autre ordre en tous cas, sont vraiment pas contentes, et les zadistes, terme qui rentre doucement dans le langage courant de la France, adorent en découdre avec les ‘bleus’. Du moins certains ; car tous les zadistes ne sont pas des violents. C’est une triangulation qui est en train de faire ses preuves ; l’axe juridique, l’axe politico-médiatique, et l’axe du terrain, de son occupation et avec la violence s’il le faut.

En commande pour Le Monde.

Voir mon travail personnel sur cette ZAD en 2 chapitres : le film photographique, et les portraits-collages-numériques.

ZAD de Notre Dame des Landes #1

Le mouvement d’opposition au projet d’aéroport du Grand-Ouest au nord de Nantes vit certainement ses dernières heures. Difficile d’en douter. Quoique… La mobilisation sur place, vue d’ici (Paris, un écran d’ordinateur) force le respect, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais qu’est-ce qui motive tant ces gens ? Où trouvent-ils la force de ? Cette résilience ? Comment entretiennent-ils l’espoir de la victoire, après tant d’années ? N’ont-ils pas froid, l’hiver, dans leurs cabanes, les pieds dans la glaise glaciale ? Des questions bien naïves de citadin bien au chaud, certainement. Faut-il que ce soit une vocation, une culture familiale, d’être militant ? Est-ce un mode de vie, tout simplement, en fin de compte ? Voilà les premières questions que je me pose en rendant sur la « zone de combat ». Sur cette zone d’un autre monde impossible.
Pourtant au Larzac, les activistes, ils ont gagné. Ces deux luttes ont tout de proches cousines. Nées à la même époque en plus, il y a une quarantaine d’années. Où s’arrêtent les similitudes, où commencent les différences ? Mais surtout, pourquoi la mayonnaise ne prend pas à Notre Dame des Landes ? Ou semble ne pas prendre ? « A première vue, l’affaire Notre Dame des Landes ressemble à un Larzac qui n’aurait pas trouvé son José Bové » (Rue 89, Sophie Verney-Caillat).
Est-ce l’époque qui a tant changé ? Pourtant dans les années 1970 le Progrès, comme on disait, avait encore bonne réputation et recevait l’aval sans discussion de la population dans sa grande majorité. On l’applaudissait. Il n’était pas tant synonyme, comme aujourd’hui, de destruction environnementale et de libéralisme odieux. Alors qu’aujourd’hui…
Toutes les causes s’y sont données rendez-vous. Comme au Larzac. « À travers elle (la ZAD), nous combattons l’alimentation sous perfusion, la société industrielle et son réchauffement climatique, les politiques de développement économique et de contrôle du territoire, les métropoles et la normalisation des formes de vie, la privatisation du commun, le mythe de la croissance et l’illusion de participation démocratique… ». Rien que ça ! Et là aussi s’agglomère une foule hétéroclite, livrant une guerre d’usure contre la logique développementiste. Une population que l’on ne peut, de ce qu’on peut lire ici et là, résumer à un groupe de rebelles anarcho-autonomes ou à une mouvance verte radicale et intolérante.
J’ai donc décidé de me rendre sur place. Aller voir et comprendre ce que je peux par moi-même, par la grâce du terrain. J’ai aussi en tête, bien entendu, une carotte photographique. Continuer mon projet « Colères », à l’origine une série des militants et révolutionnaires des insurrections arabes de 2011. Et qu’il me paraît logique de continuer sur d’autres terrains de foi activiste. D’autres combats.

Plusieurs dates proches sont annoncées sur le calendrier. Ce « on ne lâche rien » des « zadistes » semble être bâti en béton armé, si vous me passez cette expression. Voyez les prochaines réjouissances : « Au-delà d’une manifestation, il s’agit avant tout d’une action collective qui gagnera en puissance avec une présence longue et active du plus grand nombre. Prévoyez d’être là pendant le week-end et plus si possible pour amorcer l’occupation, continuer les constructions, les défendre, et en faire émerger des idées pour la suite. Amenez des outils et matériaux divers et variés, des bleus de travail, du son, des créations loufoques, des radios portatives, des tartes à partager et une détermination sans faille. En vue du 17 novembre, on cherche des poutres, matériaux de construction et d’escalade, cuisines collectives, chapiteaux, musiciens, batukadas, cabanes en kit, outils, tracteurs…».

Les Moissons du Suicide

2006-2007 - Maharashtra, Inde

Eté 2006, un paysan se suicide toutes les huit heures dans le Vidarbha, région de l’est du Maharashtra, le grenier à coton de l’Inde. L’hécatombe est passée de 122 suicides en 2002, 622 en 2004, à plus de 1300 en 2006… laissant derrière elle des familles au fond du désespoir, et des centaines de villages très inquiets. Une crise d’origine purement politique, et signe extérieur d’une profonde crise agraire, inégalée depuis la Révolution Verte des années 70.
Monsanto, la multinationale américaine de l’agro-business, reçoit en 2002 l’autorisation de New Delhi de mise en culture commerciale de sa semence génétiquement modifiée, le Bt Cotton. Cette variété était en fait déjà expérimentée par la firme depuis 5 ans sur les terres indiennes, et une contamination importante en 2001 a, sans conteste, accéléré la procédure d’autorisation. S’ensuit un martèlement publicitaire, et les agriculteurs de se jeter sur cette graine d’espoir. /.../

India Shining, India Crying

2004-2008 - Inde
Une histoire de l'Inde contemporaine
Ambitieuse, gigantesque, sous surveillance internationale, l’Inde a un projet : elle sera une puissance économique qui compte dans le concert des nations. Après des siècles de soumission aux empires islamiques puis britannique, et un demi-siècle d’indépendance somnolente, l’éléphant asiatique a commencé à s’ébrouer. Les réformes économiques engagées en 1991 commencent à bien porter leurs fruits.
Mais la machine du Progrès en Inde voit grand, a les gestes avides et pressés, et engendre vis-à-vis des populations les plus fragiles une politique du rouleau compresseur négligeant grandement les dommages collatéraux. Ci-après en l'occurrence le rouleau compresseur de l’industrie minière. Qui affecte surtout les populations indigènes, les Adivasis. /.../
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